Archive for the ‘Pistes de réflexion’ Category

Narration combinatoire

Saturday, January 25th, 2014

Dans le cadre d’un séminaire organisé pour un projet de webdoc avec France Télévision, j’ai eu le plaisir de faire une présentation sur la “narration combinatoire” – ou le “responsive storytelling”.

Voici la présentation:

Narration combinatoire from Ulrich Fischer
Il n’est pas directement question de “Walking the Edit” ou de Memoways, mais cette présentation devrait permettre de mieux visualiser les enjeux narratifs liés à ces deux projets.
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Background informations about the WE project

Thursday, April 18th, 2013

In this post you will find some complementary information to the english part of the Walking the Edit website.
Walking through some questions, concepts, answers…

Looking back on our way (lessons learned).

Even in a software centric approach, human decision and choices are very important (in the design of the algorithm, for example): the resulting interactions have to create an immersive experience for the user, leading to a complementary approach to storytelling. The resulting “algorithmic movies” should not be taken as replacements to existing “hand made movies”, but as a new narrative continent, where stories unfold through the connections between content, users and places.

The difficulty and the challenges of this project are in finding a right and interesting balance between authorship and (inter)active users, between designing a story and designing a storyworld, between a framed narration and an open experience.

Video-making is not the same anymore. Working in direction of a mainly computational approach (database, metadata & algorithms) is different than creating footage that will be edited by a human, in a traditional way of mastering narration. The way content is created has to be adapted (think heterogenous combinatoric of view points and the value of footage in regard of long term usages); the way content is edited is undergoing a paradigmatic shift (the spatial coverage of videos via a “spaceline” vs. the temporal embedding via a “timeline”); the way content is finally presented and received is also evolving (from a central “here & now” to a networked “everywhere & everytime”, that is furthermore giving a more active place to the viewer, becoming a user)…

In short: all necessary “intelligence” (knowledge) has to be linked to the content (digital documents).

The author is not at the same place anymore. He / she has to take a step back, and see things from “above”. The “story” (what happens) is taking place not through a predefined, editorialized content stream, but through a framed scenography made of interaction possibilities (the UI) and narrative links dynamically made out of the content elements (the database). The responsibility and “value” of the author is therefore not in the “final cut” (closed object), but in his capacity to produce a dynamic community around content and usages.

In the end: the author of the platform is not alone anymore: there are the authors of the content (the video footage) and there are the “authors” of the output (the movie).

Problem setting & “solutions”.

Problems: 

How to create new stories and connect them with our context (place, time and scale) ?

How to get people involved (in a project, in a community, in a place) ?

How to use technology in a way that is focusing on human needs and desires ?

Solutions: 

Focus on the experience. The story is like the destination, and the experience is like the travel. If people are able to travel on their own, they will get engaged, implicated and connected to the final destination: their story.

Use the machine (hard & software) natively. Trying not to reproduce without translation existing mindsets and creative reflexes: the camera as a computer with an eye, the editing software as an algorithmic toolbox and the final screen of the user as a creative device for interactions…

Build your own platform. As at the begin of cinema where creators where building their own cameras (wood, metal & glass), we are now able to build our own “engines” (mainly through software) to create, combine and share content: in iterative and cyclic flows…

Bridge & translate the new technologies to the human scale. Not pixels, nanoseconds and Human Computer Interactions (HCI) through technical devices, but meters, the duration of a individual breath and the whole human body…

In short: use the computers as connected calculators (the content is living and evolving) and not as an amplification machine (the content is closed and simply copied).

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Un tour par la machine cinéma

Friday, June 15th, 2012

Dans le cadre du laboratoire “Archives Fluides“, j’ai préparé la présentation suivante:

L’envie derrière cette présentation, complémentaire à celle ci, est la suivante.
Mettre en perspective historique les 3 moments importants de la machinerie cinéma: tournage (création de contenus), montage (éditorialisation de ces contenus) et diffusion (présentation et partage de contenus choisis).

“Aujourd’hui plus que jamais, l’objet audiovisuel se glisse partout en tout temps dans nos vies connectées – grâce à la dématérialisation de cet objet.

L’objet devient flux; la relation définie par le matériel (hardware) devient relation cadrée par un usage personnalisé (software)…
Ce qui est né dans le cadre de technologies aujourd’hui sur la scelette (la pellicule et la vidéo analogique) continuera d’exister (le cinéma comme art de raconter des histoires linéaires n’est pas mort, bien au contraire).
On peut par contre se poser la question de l’usage “natif” de la narration / expérience cinématographique avec les outils que nous utilisons aujourd’hui. Sachant que tous ces outils ont le même coeur, cerveau et métabolisme: un ordinateur qui calcule sur base de données binaires.”
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Archives fluides: le programme

Wednesday, June 6th, 2012

A moins d’une semaine de la tenue de notre laboratoire “Archives fluides” dans le cadre de Eternal Tour, voici le programme prévisionnel.

Le laboratoire est ouvert au public – toute personne intéressée à y participer de manière active ou passive est la bienvenue.


Les participants confirmés:
Pascal Amphoux, Donatella Bernardi, Ulrich Fischer, Frédéric Kaplan, Enrico Natale, Nicolas Goulard, Mehdi Fertani, Hélène de Ribeaupierre

Mardi 12 – journée de présentation de projets en lien avec les questions du laboratoire (voir ci dessous et suivre ce lien pour les détails)
Accueil dès 9h15
Début à 9h45
9h45 – 10h Introduction des 3 jours de laboratoire, présentation rapide des participants
10h – 10h30 Présentation de Enrico Natale et Mehdi Fertani “Rousseau 2012”
10h30 – 11h Discussion
11h15 – 11h45 Présentation de Pascal Amphoux
11h45 – 12h15 Discussion
12h15 – 13h30 Déjeuner / repas de midi
13h30 – 14h Présentation de Frédéric Kaplan “Les métamorphoses de la valeur”
14h – 14h30 Discussion
14h30 – 15h Présentation de Ulrich Fischer “Outils de création et valeur d’usage”
15h – 15h30 Discussion
Pause
16h – 16h30 Présentation de Donatella Bernardi
16h30 – 17h Discussion
17h – 17h30 Synthèse de la journée

Mercredi 13 – journée de travail en petits groupes
Accueil dès 9h15
Début à 9h30
9h30 – 10h Mise en place des groupes de travail en fonction des questions à traiter (faire des petits groupes de 2 à 3 personnes autour d’une question spécifique)
10h – 12h30 Travail en groupe
12h30 – 14h Déjeuner / repas de midi
14h – 17h Travail en groupe
17h – 17h30 Synthèse de la journée

Jeudi 14 – journée de travail en petits groupes, synthèse et conclusions provisoires
Accueil dès 9h15
Début à 9h30
9h30 – 10h Mise en place des groupes de travail en fonction des questions à traiter (faire des petits groupes de 2 à 3 personnes autour d’une question spécifique)
10h – 12h30 Travail en groupe
12h30 – 14h Déjeuner / repas de midi
14h – 16h Travail en groupe
16h – 17h30 Synthèse et conclusions provisoires

Pour donner un cadre de travail à ce laboratoire, voici quelques réflexions en préambule.

La matière (le point de départ et le point d’arrivée): la ville, l’archive, les objets d’art, …
La matérialisation est la condition nécessaire à la préhension et donc à l’appropriation; mais cette matérialisation n’est qu’un état passager dans un cycle de vie fini. Ce qui est potentiellement infini (éternel ?) n’est pas tant l’objet matérialisé que la traduction souple et non prédictive d’une forme à une autre (via une formule de traduction), en passant également (de plus en plus) par une forme dématérialisée (ou virtuelle).
C’est cette dématérialisation que nous pouvons questionner aujourd’hui de manière très concrète: les outils numériques traduisent un enregistrement du réel (une “tranche” de matière qui est dématérialisée via une sérialisation de données) en des vues calculées et potentiellement infinies. Il est donc possible de se concentrer non plus seulement sur la multiplication d’objets réels (faire tourner la photocopieuse ou le moule – la question de la reproductibilité) mais sur les variations d’états et de vues à partir de cette “tranche” de matière (liens, sampling et mashup – la question de la combinatoire).
Questionner le besoin de matérialiser la création humaine: les idées, émotions et imaginaires circulent de manière indomptable (malgré les tentatives de cadrage); pourquoi ne pas considérer aussi ces flux en tant que tels plutôt que de se concentrer presque qu’exclusivement sur leur matérialisation momentanée ? Comme l’eau, ce flux peut prendre plusieurs états (gelé, liquide et vaporeux) et l’on peut se poser la question de la bonne température pour que le flux puisse transmettre son message…
La matérialité du territoire comme théâtre de l’archive visible et tangible (les réalisations humaines) mais également comme scène pour une mémoire immatérielle: nos souvenirs, notre imaginaire, nos données numériques…
La matière (est la) première (valeur): qu’en est-il si l’on cherche à transposer la valeur de notre premier monde (le tangible, le matériel) dans le deuxième monde (l’intangible, l’immatériel) ? Est-ce que la valeur est forcément liée à la matière première ? Ou est-ce que la valeur ne se déplace-t-elle pas vers une valeur immatérielle aussi, qui serait celle de l’usage ?
L’échelle de la valeur liée à l’abondance (ou la rareté) de la matière est également intéressante à questionner en regard de la valeur liée à l’usage: cette valeur se calcule non pas sur une échelle quantifiable (audimat, box office, nombre de tirages etc) mais sur une échelle intime et personnelle de l’utilisateur (une expérience qualifiable).
Le parcours, le cheminement, la dérive est l’une de ces formules simples de création de flux, où un organisme (le corps humain) coule, ruisselle et se répand dans un autre organisme (le corps urbain). L’usage de la ville: user du territoire pour en extraire non pas seulement une somme de visible (les “tranches” de matière), mais une expérience non réductible en quantité calculable, car l’expérience en tant que telle est flux et ne peut se matérialiser que lors de sa traduction et transformation dans une autre état (pour reprendre l’analogie avec les transformations de l’eau).
Mais le flux se frotte à la matière, forcément, et laisse des traces: traces matérielles, immatérielles, qui à leur tour (traduction à nouveau) permettent de fixer des conditions d’une nouvelle action.

L’action (ce qui se tend entre le point de départ et le point d’arrivée). Le parcours, l’usage, la mise en liens, …

L’action d’écrire (sur) le territoire: le territoire comme support de mémoire, où il n’y a d’archive (classée et figée) qu’à partir du moment où on ne peut plus écrire, mais seulement lire. La territorialisation de la mémoire est l’une des conditions à sa matérialisation – mais sans usage (lecture / écriture) de cette mémoire territorialisée, il n’y a pas de matérialisation à l’échelle du contexte d’un “user” (un spectateur – utilisateur).
La question de l’accessibilité à la mémoire est primordiale pour toute action: une action sans mémoire de son origine (de son état matériel ou immatériel) est condamnée à errer dans un espace dé-contextualisé et dé-territorialisé.
Mais comment faire pour garder une dynamique d’action dans un monde qui d’un côté surproduit de la mémoire (on a jamais autant produit et stocké qu’aujourd’hui) et de l’autre qui restreint l’usage de cette mémoire avec des procédures d’accès qui sont optimisées pour garantir une valeur matérielle (même à partir d’une valeur immatérielle) pour des personnes bien placées (bien stockées) ?.
Une réponse serait sans doute dans la constitution d’un territoire – mémoire ouvert (du “open memory”), qui se calque sur l’urbanisme de nos villes cosmopolites modernes (avec ses avantages et ses inconvénients). La Ville Mémoire d’aujourd’hui ressemble encore fortement à nos villes moyen âgeuses, où il fallait passer par un pont levis pour accéder à la ville: ce pont levis et les procédures d’entrée / sortie sont encore artificiellement sous le contrôle d’autorités bien définies (les auteurs, producteurs, ayants droits, sociétés de distribution, investisseurs etc). Qu’en serait-il s’il pouvait y avoir autant de portes d’accès qu’il y a d’usages ? Que l’action “d’user” de la part d’un utilisateur soit conditionné par les modalités d’interaction (recevoir / donner), son contexte (espace, temps, connaissances, exigence etc) et finalement son intérêt à exercer une action sur de la matière…
L’importance de l’échelle, ici aussi: questionner la granularité des cycles de lecture / écriture. Ce n’est pas la même chose de lire / écrire un film dans son ensemble ou d’avoir un accès lecture / écriture sur le rush original.
Mettre de côté la notion des dimensions temporelles (le passé, le présent et le futur ) et convier la notion d’usage (trier l’existant, qu’il provienne d’un passé profond ou proche, en rapport avant tout avec notre activité présente).

Le tour (le résultat d’une action qui a dépassé son point d’arrivée). Le cycle, la transformation, la traduction, …

Le tour n’est pas forcément autour (regardez, mais ne touchez pas); le tour n’est pas forcément préécrit (suivez le guide); le tour n’est pas forcément un éternel recommencement (bouclé sur lui même).
Le tour peut être aussi: avoir plus d’un tour dans son sac (ou la magie de la transformation); tour et retour (ou l’importance de ne pas seulement devoir aller de l’avant); au tour du lieu de contenir la mémoire (ou comment aborder la mémoire sous l’angle de l’espace et non plus seulement du temps). Il y a aussi le détour: le chemin le plus direct n’est pas forcément le plus intéressant…
Ca tourne: cette image venant du cinéma est trompeuse. Aujourd’hui on ne tourne plus, on écrit lorsque l’on filme. On écrit des données qui sont, à ce stade, totalement déconnectées d’un quelconque fil(m) d’ariane. Solitaires, absolues, uniques – simplement des briques, les unes à côté des autres. Des fichiers les uns à côté des autres selon un ordre de tri opérable en soft (souple donc), alors que les tournages traditionnels (pellicule et vidéo sur bande) “classent” les images selon une logique temporelle en hard (figée donc). D’une dépendance absolue au temps écrit, il est possible de passer aujourd’hui par d’autres portes, multiples, non exclusives, singulières et parfois surprenantes: ces portes sont intitulées “métadonnées” (données sur les données). Utilisons donc les métadonnées pour faire “tourner” les données… Utilisons encore ces métadonnées pour esquisser l’urbanisme cosmopolite d’une Ville – Mémoire qui fonctionne selon des modalités d’usages vivantes et multiples et non plus selon une structuration liée à une manière unique de partager la matière.
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Laboratoire “Archives fluides”

Friday, May 4th, 2012

En collaboration avec Eternal Tour, j’ai mis sur pied un laboratoire de trois jours qui va réunir du 12 au 14 juin une dizaine d’artistes, chercheurs et architectes autour des questions suivantes :

– Archive et mémoire : du stockage (archivage) à l’usage (de notre mémoire – individuelle, collective), comment se lit et s’écrit une mémoire devenue numérique ?

– Auteur et spectateur : entre la personne qui donne (l’auteur) et la personne qui reçoit (le spectateur), les frontières sont de plus en plus poreuses. Comment initier de nouveaux pas de danse entre les deux parties, où l’œuvre peut potentiellement être le fruit de cette danse ?

– Matière et action : nous savons comment valoriser la matière (un objet d’art par exemple), mais nous sommes encore bien empruntés sur la valorisation d’une action (qui ne produit pas forcément d’objet). Comment donc présenter et valoriser ce chemin qui mène jusqu’à l’objet partageable ?

Participants: Pascal Amphoux, Donatella Bernardi, Enrico Natale, Hélène de Ribaupierre et Manuel Schmalstieg. Sous réserve, participation de Frédéric Kaplan, Nicolas Nova et Eyal Sivan.

Le laboratoire se donne comme objectif de synthétiser via une publication numérique interactive et ouverte toutes les pistes abordées et les conclusions provisoires: fragments de textes, photographies, vidéos sous formes courtes, enregistrements audio, dessins, cartes mentales, etc. Cette publication électronique sera réalisée en collaboration avec Cassandre Poirier- Simon et Nadya Suvorova.

Voici quelques lignes de cadrage supplémentaires.

Matière (objet) et action (usage).
Le monde matériel a des limites et contraintes qui sont révélées par l’usage des objets – un objet ne permet pas tous les usages que l’on pourrait imaginer. Cette limitation qui fait la valeur spécifique d’un objet n’est pourtant pas absolue: il suffirait de changer l’état de l’objet pour que d’autres usages deviennent possibles, sans forcément dénaturer ni son intérêt, ni son message ou ni son fond (de commerce, de pensée). Nous allons poser la question du changement d’état d’un objet (ou plus généralement d’une «tranche de matière»), notamment par le biais de sa numérisation: est-ce qu’un objet qui se «liquéfie» en une suite de données numériques gagne-t- il au change, et si oui, quoi? Est-ce que la valeur d’usage de cet objet traduit dans une autre forme va également changer d’état? Transfert, traduction, copie, transcodage, mapping: il y a quelques «jeux» d’outils à notre disposition pour rendre effectif ce changement d’état – en se demandant si l’on ne peut pas jouer «cartes sur table» et de partager le chemin qui mène à la destination – objet ?

Auteur (qui donne) et spectateur (qui reçoit).
A partir du moment que le spectateur exerce une action dans un cadre scénographié par un auteur, on peut dire qu’il produit une valeur (matérielle, immatérielle). Comment est-ce que cette nouvelle valeur peut-elle prendre part à la chaîne de valeur existante? Peut-on, et doit-on mesurer cette valeur créée? Est-ce que cette valeur peut faire partie, et comment, de la proposition initiale de l’auteur? Comment considérer, accueillir et valoriser celui ou celle qui potentiellement peut devenir co-auteur? Les pratiques contemporaines en dehors des lieux dédiés (black boxes et white cubes) ont déjà largement investi ces questions dans l’usage quotidien : qu’en est-il chez les praticiens dans les domaines de la production culturelle (où l’on peut ajouter les architectes) par rapport à cette question du changement d’état du statut d’auteur ?

Mémoire (humaine, informatique: données immatérielles en mouvement potentiel) et archive (données matérielles, ou données immatérielles consolidées et figées).
Qu’en serait-il si on affranchit le stockage de données, d’informations ou d’objets des contraintes temporelles? En somme, si on ne considère que le temps réel: le temps de lecture de ce qui est stocké? Et par extension, que la lecture peut générer une trace qui elle même peut faire partie de cette mémoire partagée ? Est-ce que l’on peut dire que la mémoire est quelque chose de liquide (en mouvement), du flux, alors que l’archive est quelque chose de figé (le gel du mouvement dans un état donné)? Est-ce que ce rapport complémentaire et antagoniste entre la mémoire et l’archive change avec l’arrivée de nou- veaux outils, de nouvelles technologies (on pense bien sûr aux ordinateurs, à ce fameux nuage de données…)? Est-ce que les archives vont pouvoir changer d’état et simplement (re)devenir mémoire ?

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La production cinéma en perspective binaire

Wednesday, February 29th, 2012

Avec l’équipe de C-Side, nous avons fait une présentation sur le DCP à Fonction cinéma hier soir.

Pour mettre en perspective les enjeux de la projection numérique (et de la production numérique tout court), j’en ai profité pour faire une mise à plat de la production cinéma à travers une opposition en face à face de l’ancien monde (l’analogique) et le nouveau monde (le numérique).

Tout bouge sur la planète cinéma: outils et workflows techniques, méthodologies de travail, normes (tournage, montage, diffusion), relation au spectateur, nouveaux formats et plateformes de diffusion, droits d’auteur, diffusion et distribution, financements – la liste est longue et évolue tous les jours.
Un film reste un film, mais le chemin pour arriver “au bout du film” n’est plus du tout le même: il y a maintenant autant de chemins qu’il y a de films…
Pour tenter d’y voir un peu plus clair, voici un jeu de miroir entre l’ancien et le nouveau monde.

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New points on our path

Saturday, October 29th, 2011
We are in a fast moving world (especially regarding technologies, they evolve all the time, new paradigm change arrive every 6 months – in short, nothing is stable, we are all together on a boat that is carrying us on a trip that nobody is leading really) but we are also “backed” with rigid views on our world (the new has to establish itself as viable economic path before we accept it, our attitude regarding technology is very much tinted with our need to measure, plan and master everything – in short, we want to be sure that this boat belongs to us and follows our orders).

How those two antagonist streams do affect a project like Walking the Edit and our young Company Memoways ? It’s simple: we have to prove that the new ideas are not only theory, but 1) work and 2) bring money in. All that with very little money to begin with.

Our system has proven that it’s working (see Walking the Edit movies or the Smartmap), even with only 20% of the functionalities that we would like to implement.
We have done a lot until now, but it seems that it’s not enough (for many reasons, too long to explicit here). So we have to react to be able to stay on that boat, by bringing our specific, innovative and surprizing ways to “pull” and “push” the memory of this journey…
But to react, we need some more “fuel”: without money it will be very difficult to continue.
So now we have to prove that there can be a viable economic development for this new kind of open and playful interactions with the digital world; as there is no comparable project that has build up a working economic model, we have to project that the value of the individual and singular user experience is the creation of a potential economic value. It is not given, but as many other people try to develop strategies to engage user with a given (story)world, it seems that there is a global movement towards more experience creation on the road to the value creation.

Memoways – as a tool to “play” with our shared audiovisual memory through a personal way of interacting with the digital world – is in short two things: a new conceptual architecture of bridging existing technologies together and the vision of taking this digital world not only as a way to master our real world, but to extend our human needs (food for the body and the soul) to the digital world. And our human needs are not only to be able to go from point A to B as fast as possible or to find the most powerful way to get access to the bank account of a user – we as human being need to be entertained, intellectually and emotionally challenged; in short: to be able to use the available tools (may they be digital or not) to build working and sharable links between our dreams, wishes and desires and our daily reality.

All that being said – what road will we be able to build and what path can we share ?

Read our new roadmap; read here to get the new strategic positioning.
Those are the technical and strategic waypoints – about the more conceptual and artistic branches, we will still continue to work through possible research projects.
There is still so much to research, to try, to play with…

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Map, map, map: mindmap !

Thursday, September 22nd, 2011

Ambiance de travail lors du workshop ©Charles Ayats

Voici un des “livrables” du workshop Urban Playground: une mindmap bien touffue, qui en cache d’autres (cliquez sur les branches avec texte rouge et vous passerez sur une autre carte).

Cette mindmap permet de visualiser en vue d’ensemble les concepts et enjeux qui se trouvent sur notre chemin.

Notre chemin: faire des allers retours entre le territoire physique et le territoire numérique, en passant par le territoire hybride…
Une fois que l’on sait par où passer et quel est notre terrain de jeu, on peut commencer à jouer (avec les concepts, les idées, les questions et les amorces de réponses).

Le but est de pouvoir s’aider de cette mise à plat de enjeux et questions pour imaginer, financer et proposer des:
– services innovants (médiation, utilitaires, …)
– projets culturels (artistique, patrimoniaux, historiques, …)
– applications spécifiques (pour personnes à mobilité réduite, AR, …)
– jeux (en réseau, géolocalisés etc)
– …

Nous sommes partis de ce tableau:

Pour arriver à cette carte mentale:

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WE à la plage

Monday, January 31st, 2011

Juste après la présentation parisienne, le projet était invité au festival FIPA à Biarritz.
Dans le cadre d’une nouvelle section encore bien marginale, il s’agissait là aussi d’appliquer la “méthode” parisienne de la combinaison théorie et pratique. Dans ce but, nous avons mis en place de manière express (merci à Alexa Andrey pour son endurance) une adaptation en utilisant des vidéos trouvées sur le net et liées à Biarritz d’une manière ou d’une autre: images de touristes, archives, sujets de la télévision sur des faits locaux, tempêtes, animaux sous marins etc…
Sans connaître le territoire, nous avons essayé de trouver et placer des fragments vidéo pour pouvoir raconter le territoire – l’exercice a été intéressant, nous n’avions encore jamais testé l’utilisation de vidéos provenant du web et je vais y revenir avec un billet spécifique.

Par contre, une fois sur place, il a été difficile d’appliquer notre plan: les deux présentations ont été très peu suivies (sur les deux fois il y a eu en tout une petite dizaine de personnes…); il a été difficile de trouver des personnes ayant un iPhone avec la version iOS 4.x et en plus motivées d’aller marcher. Au final, qu’une seule personne a réellement testé (exemple). 3 semaines de travail acharné et totalement volontariste pour ça…
Et c’est pas tout: la présentation du projet dans un hall du Casino, sur un vieux PC portable avec Internet Explorer du siècle dernier: site illisible, inutilisable. C’est comme si on projette un film totalement flou et sans son, et que l’on ne fait rien pour changer ça durant la projection. Mais bon c’est pas grave, c’est juste des web programmes…
Voici une photo de cet écran:

Malgré ces désillusions et le sentiment de total décalage avec les enjeux des autres participants, il y a eu quand même de bonnes rencontres et des discussions intéressantes; et le fait de voir la mer en janvier est toujours agréable !

Ces quelques jours dans l’antre de l’Hadopi et des bonnes vieilles télévisions (qui cherchent une cure de jouvence) m’amène aux remarques suivantes (très sommairement posées; chacune nécessiterait des approfondissements avec un argumentaire plus poussé – c’est un premier jet):

– il y a un sacré décalage de génération qui freine la réelle ouverture vers des nouveaux usages. Les personnes ayant encore le pouvoir incarnent, quoi qu’ils disent, la pensée linéaire et broadcast pas vraiment soluble dans le web et surtout un usage du pouvoir classique (quelques personnes tout en haut qui pensent et décident pour tout le monde, parce que les autres en bas n’en sont pas vraiment capables: le web ok, mais “managé”). Souvent masculins, entre 55 et 65 ans, ils disent clairement ne pas vouloir trop d’autres personnes à leur table (ok, mais seulement s’ils contribuent aux frais);

les modèles éprouvés ont la peau dure. Le monde change vite (dit-on surtout dans les domaines des nouveaux médias et de l’audio-visuel), mais la manière d’entrer en relation avec ce monde qui bouge reste très traditionnelle. Il y a bien des slogans comme “il faut innover, chercher à investir de nouveaux usages, en être (de ce nouveau monde)”, ou des constatations du retard pris (sur les nouveaux arrivant qui veulent squatter la table bien fournie en bons petits plats cuisinés par les cuisiniers producteurs et réalisateurs). Les quelques projets qui tentent de manière volontariste et courageuse des expériences différentes sont coincés par le cadre du modèle actuel (bien rodé, mais un peu usé) qui veut que:
1) l’on produise des objets et non du projet (la minute unitaire mesurée en taux d’audience vs. l’open source qui se mesure en terme d’usage);
2) le financement s’applique à un résultat visé et non pas à une expérience qui peut évoluer dans le temps (c’est la destination qui est financée puis valorisée au détriment du chemin – ou encore mieux la combinaison complémentaire des deux);
3) on pense court terme et non long terme (la vie des images encore liées aux objets-films qui circulent, de quelques jours ou semaines à la TV à 18 mois pour les projets de cinéma – ou comment intégrer la valorisation d’un projet dans le temps dès le départ ?). Pourquoi fermer le robinet d’un projet web après quelques mois ? Entre le coût de sa mise en place, de démarrage et le coût de suivi, d’entretien, il y a sûrement un équilibrage possible…
4) les tournages et le montage se font toujours de la même manière, alors qu’aujourd’hui les caméras sont bien plus qu’un oeil et une oreille (quid d’un usage artistique des métadonnées, de l’utilisation des autres capteurs GPS, accéléromètre etc au même titre que la profondeur de champs par exemple ?); les bancs de montage ne sont pas seulement des îles peuplées de cowboys-girls solitaires, mais potentiellement des embarcations qui peuvent se lier à d’autres et accoster potentiellement partout…
5) last but not least: la position du spectateur. On le veut plus acteur, lui donner plus de place personnalisable – mais cela implique aussi un partage du pouvoir sur les images et leur manipulation. Est-ce que les réalisateurs, producteurs et ayants droits sont ok de partager un peu plus leur pouvoir avec la perspective de gagner autre chose que le “final cut” (et les droits d’auteur qui vont avec) ?

le web n’est pas un arbre. Bon, difficile d’en faire un dessin, mais ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas une structure en arborescence avec des liens figés. Mais pourquoi donc s’entêter à vouloir créer des structures narratives aussi figées et au mieux avec une structure en arborescence avec des liens dynamiques et de plaquer tout ça sur le web ? La (vieille) branche du cinéma et de la télévision dans l’âge du rhizome – comment traduire ?
D’un côté l’argument que le spectateur a envie (voir même besoin) d’être pris par la main (pour diverses raisons) et de l’autre des propositions d’une nouvelle expérience plus englobante, personnelle (multimédia, transmédia). Le prendre par la main pour mieux le perdre ?
L’impression que ça me donne, c’est un peu comme au début du cinéma, où on s’entêtait à travailler le jeu d’acteur comme au théâtre alors que le cinéma permettait de créer de manière fondamentalement différente. Aujourd’hui, on essaye de faire entrer au chausse pied les réflexes cinéma et télévision dans un médium qui est totalement différent; expériences volontaristes pour pouvoir trouver un jour non pas la formule unique (ça c’est sans doute terminé pour toujours, et tant mieux) mais des nouveaux réflexes, des nouvelles méthodes et ingrédients à travers lesquels les images en mouvement peuvent nous prouver qu’elles ont des réserves insoupçonnées ?

des briques ou du préfabriqué ? Une maison, un aéroport fait avec des briques ou du préfabriqué: avec laquelle des deux solutions on peut construire quelque chose de particulier, de surprenant, de hautement personnalisable ? En plaquant cette question sur le monde audio-visuel, on peut se demander si nous réfléchissons toujours avec les échelles adéquates… Cela va du rapport de tournage (nombre d’heures tournées en comparaison avec les minutes valorisées) à la période de validité des images (consommables jusqu’à…) en passant par l’unité plan (notre brique) vs. la cohérence de la séquence éditorialisée (notre préfabriqué).

To be continued (and resampled)…

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Hey, let’s create some coool shit !

Saturday, October 9th, 2010

Voici en résumé le mot d’ordre de la « open vidéo conference » à laquelle j’ai participé à New York les 1 et 2 octobre. Les enjeux : établir des standards ouverts, non commerciaux et libres dans le but de rendre la vidéo « soluble » dans l’internet (et par ricochet de produire un changement aussi profond dans l’industrie des images en mouvement que l’invention du montage il y a plus de cent ans).

Quelques retours sur cette conférence et en « bottom line » quelques considérations sur WE dans le monde réel (vu des USA).

Donc, faisons du coool shit. WTF ? Ah oui, on parle de contenu : les vidéos, les images, ce que nous voulons raconter sur le monde. Ne nous prenons pas trop au sérieux : il faut être coool donc, encore mieux funny, et toujours,  mais vraiment toujours et indépendamment du contenu, entertaining. Faire la révolution, mais coool mec (don’t forget : never get your audience bored).

Sur le fond, pas grand chose à redire : il s’agit de proposer une relation aux médias dans les deux sens (pas seulement une expérience passive, mais également active), permettre le partage et la réappropriation des contenus et de la forme par l’utilisateur, promouvoir tout ce qui est libre, ouvert et évolutif.  Se dire que chacun peut contribuer à sa manière, à son échelle, à l’édification commune d’un ensemble d’interrelations constructives et créatives.

Maintenant, sur la traduction de ces beaux principes dans la réalité. Que voit-on ? Des remix de Mickey ou de Star Wars, des montages hyper-formattés malgré un ton et une ambition politique réelle. On prend les mêmes recettes et on recommence, mais réalisé par des nouveaux acteurs venant d’en bas – voilà la grande nouveauté. Maintenant en tant que fan d’un produit culturel, on ne consomme pas seulement passivement mais on remixe activement en « crowd-sourcing ». Les ayants droits intelligents laissent faire, ils voient bien que ce n’est que de l’eau supplémentaire à leur moulin (et en plus, ils gagnent une attitude coool) ; d’autres, plus rétrogrades et n’ayant pas encore compris les enjeux et ce qu’ils peuvent en retirer font travailler leurs avocats (ça rapporte des $ plus rapidement et clairement que l’attitude coool).

L’échelle de mesure est toujours la masse : l’audimat, les nombres de hits / de lecture d’une vidéo. Tout est calqué sur l’impact mesurable : les premiers arguments qui viennent pour valider un projet, une idée ou un produit est la mesure de la masse de personnes qui a cliqué (ou qui va cliquer, encore plus fun). Cette approche objective a le grand avantage de valider / invalider par l’utilisation réelle.
Maintenant (question à 100’000$), comment est-ce que l’on en arrive à produire des millions de clics ? Là, aucun autre argument vient que ceux mis en exergue ci-dessus : en gros, viser une « fan-base » déjà existante (style l’exemple de Star Wars) soit proposer quelque chose avec un dénominateur commun suffisamment large et consensuel (style les moteurs classiques action, humour, violence, sexe etc). En résumé : on produit la même sauce avec les mêmes ingrédients, mais la recette et les cuisiniers sont toujours différents (et interchangeables, chouette). Au final, ce n’est donc pas si politique que ça, c’est juste que maintenant notre place en haut de la pyramide est moins assurée de durer et l’on peut s’y faire catapulter à la faveur d’un hype planétaire parrainé par des millions de doigts. The American Dream is still living : the great come back and even stronger than before.

Tout ça n’est donc pas nouveau, mais se posent tout de même les questions suivantes :
– la nouveauté : on oppose souvent le « avant » et « après » des nouvelles technologies, en réduisant celles-ci à la manipulation technologique / utilitariste ou en les entourant d’une aura magique. Mais qu’en est-il si l’on arrête de parler de nouveauté et l’on regarde plutôt sous l’angle de la filiation ? (ou du copy & paste pour parler moderne). En somme, de mettre nos gadgets dans la poche et de réfléchir de manière bien critique si la nouvelle forme de entertainment (never get bored again est un autre cri de ralliement) change réellement en profondeur notre relation au réel ? C’est à dire de ne pas mesurer seulement au nombre de clics mais d’estimer aussi l’impact réel une fois l’ordinateur éteint (ou en veille, ok). Ah oui, donc comment prendre le chemin le plus court pour chercher un soda au market du coin ?
– comment le fait de considérer le spectateur comme faisant partie de la chaîne de production  va-t-il se traduire dans les contenus (sorry, le coool shit) ? Si l’on regarde YouTube et consorts, le constat est plutôt affligeant, mais les enjeux ne sont-ils pas justement hors écran ? Dans le travail que l’on fait pour lier les choses, pour tisser un réseau entre notre imaginaire et celui des autres ? Mais là, sorry, ce n’est pas monnayable – passons ;
– pour éviter de sonner comme un grincheux (je déteste ça pourtant), one more thing : il y a le sentiment diffus mais tenace qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion, dans l’assemblée il y a les classiques défenseurs des libertés, les terroristes, les spectateurs qui adorent se faire chatouiller les tripes… mais là où ça devient réellement intéressant est de constater que l’on est pas dans un seul avion, mais dans plusieurs à la fois ! Comment ? Oui, et ils ne vont pas dans la même direction ni à la même vitesse, la seule constante : pas de pilote et surtout pas de destination claire et définie. Sentiment grisant suivi d’un gros coup de fatigue : aie je préfère regarder le film devant moi et que je pilote du bout des doigts, je sais ce que j’ai entre les mains et je ne regarde plus par la fenêtre, juré. (happy end de non grincheux : afficher la carte du vol et de suivre le labyrinthe interminable des voyages parallèles).

Bottom line, quelles sont les implications pour WE ? Il y avait une ambiance automnale avec pluie fine presque horizontale à New York ces jours là, on appelle ça aussi douche froide. Un peu ce qui s’est aussi passé durant la conférence. Welcome in the real world : let’s face it and be terre à terre (le parapluie protégeant de la pluie fine censurait les grattes-ciels new-yorkais).
– comment on valorise et mesure le « produit » final -> comme l’expérience n’est pas monnayable directement (il faut qu’elle soit gratuite), il s’agit donc de produire du trafic, de l’utilisation en masse, il n’y a pas d’autre issue. Relativiser : il faut du temps, ne pas attendre à une levée de doigts en quelques semaines; il faut du temps pour ouvrir l’appétit à des usages nouveaux (aie, ce mot délicat), il faut autant de recettes que d’il y a d’adaptations territoriales et donc rien n’est joué d’avance (dans un sens comme dans un autre) ;
– documentaire vs. fiction -> pas le même effet coool avec des contenus trop docus. Parler de notre quotidien, de notre réalité les pieds dedans mais la tête qui voyage : tendre des arcs narratifs et installer des leviers fictionnalisants. Encore en laboratoire, heureusement, des formes et formules à élaborer et affiner ;
– possible de survivre sans doping  via des stars (name dropping), sujet porteur (cf moteurs libidinaux et identitaires),  exclusivité (valeur par un partenariat prestigieux) ??

Pour terminer, un mot de remerciement à Pro Helvetia qui a soutenu financièrement une partie des dépenses liées à ce déplacement.

To be continued (coool !)

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